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Marc Chagall - Caïn et Abel (La Bible), 1960

Marc Chagall - Caïn et Abel (La Bible), 1960

5 500,00 €Prix

Technique : Lithographie

Support : Papier Vélin

Numérotation : 6/50

Signature : Signée à la main

Dimensions feuille : 46x38cm

Condition : Trés bon état

 

Authentification : Œuvre vendue avec certificat d’authenticité & facture de la galerie. Mourlot 238. Publié par Tériade, Paris.

  • Informations sur l’œuvre

     

    Dans cette lithographie issue de la série biblique publiée par Tériade en 1960, Marc Chagall donne corps à l’un des récits les plus sombres et les plus fondateurs de l’humanité : celui de Caïn et Abel, les deux premiers fils d’Adam et Ève, nés à l’aube du monde, enfants de la faute originelle, déjà porteurs d’un destin tragique. Deux frères, deux offrandes faites à Dieu, deux destins que tout oppose : l’un, pasteur doux, dont le sacrifice est agréé ; l’autre, cultivateur orgueilleux, blessé dans son amour-propre par le refus divin. Et c’est là, dans cet écart, que naît la jalousie, la colère, puis le meurtre. Le premier sang versé par l’homme, non par instinct ou par défense, mais par orgueil, par solitude, par dépit.

     

    Chagall choisit l’instant où la violence s’abat. Le geste est saisi dans son moment le plus pur, presque animal. Abel, au sol, gît le regard vide, la bouche entrouverte comme pour prononcer une parole qu’il ne dira jamais. Caïn, au-dessus de lui, n’est pas triomphant, mais tendu, presque égaré, comme emporté par une force qui le dépasse. Cette scène biblique devient l’archétype de la transgression humaine, de l’impossibilité d’accepter l’altérité, de l’échec de la fraternité. L’acte fratricide est aussi, chez Chagall, un cri contre l’ordre divin, contre l’injustice perçue dans le monde, contre l’abandon d’un Dieu qui accepte l’un et rejette l’autre sans justification apparente.

     

    Le fond orange, saturé, évoque une terre aride, un monde sans douceur. L’arbre noir qui surplombe la scène n’est pas l’arbre de la vie, mais celui du destin, de la chute, de la solitude radicale de l’homme. Le rouge vif des corps et des contours n’est pas seulement le sang du meurtre : c’est le feu de la colère, le drame de l’humanité naissante, encore nue, encore sans culture, mais déjà capable du pire.

     

    Chagall, en revisitant ce récit, n’illustre pas, il interprète. Il restitue la Bible non comme un texte religieux, mais comme un mythe vivant, porteur de vérité psychique et existentielle. Car derrière Caïn et Abel, c’est chaque homme qui se tient, confronté à la reconnaissance, au rejet, à la jalousie, au crime. Et dans cette lithographie au style libre, charnel, presque fauve, se condense tout le poids de la condition humaine dès son origine : le conflit entre l’amour et la blessure, entre la fraternité rêvée et la haine réelle.

     

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