Bien que cette lithographie représente Moïse recevant les Tables de la Loi, son titre, Le Songe du Peintre, ouvre une interprétation plus symbolique. Chagall établit un parallèle entre la figure du prophète et celle du peintre, suggérant que l’acte artistique, tout comme la révélation biblique, est une transmission de vérité et de spiritualité.
La présence du peintre en bas de la composition, face à sa toile, montre que l’artiste, à l’instar de Moïse, est un réceptacle d’une force qui le dépasse. Son rôle n’est pas seulement de créer, mais d’ordonner le chaos, de capter et de retranscrire une vision supérieure. Loin d’être une simple illustration du récit biblique, cette œuvre questionne le statut du peintre comme visionnaire, reliant la tradition juive et la mission de l’art.
Le titre insiste sur la dimension onirique de cette révélation : Chagall suggère que l’inspiration artistique est une forme de songe, une expérience intérieure qui relie l’homme à une source transcendante. L’art devient ainsi un acte sacré, un moyen de perpétuer une mémoire collective et de structurer une réalité à la manière des Tables de la Loi.
Par cette fusion entre la création et la spiritualité, Chagall nous livre une méditation sur le rôle de l’artiste dans la transmission du sacré et la préservation des héritages culturels, faisant de la peinture une nouvelle forme de révélation, à la fois personnelle et universelle.