Dans “Jeux de dames” de Bernard Buffet, l’artiste nous plonge dans une scène à la fois sensuelle et géométrique, où les corps humains se mêlent dans un enchevêtrement presque mécanique de lignes et d’angles. Le trait noir, caractéristique de Buffet, encadre avec vigueur les silhouettes anguleuses de deux personnages dénudés, figés dans une posture d’intimité. Les contours exagérés, notamment des jambes et des bras, créent une tension visuelle entre érotisme et abstraction. Le décor, épuré mais strié de traits nerveux, laisse transparaître une ambiance à la fois dramatique et mélancolique, soulignant l’isolement des figures dans leur propre monde intérieur. Buffet, fidèle à son style, introduit une froideur distanciée dans cette scène de proximité charnelle, rendant l’émotion palpable tout en la retenant dans une forme d’inaccessibilité, comme si ces corps, malgré leur proximité, demeuraient étrangers l’un à l’autre. L’utilisation des couleurs est minimaliste, renforçant cette atmosphère de dépouillement et de solitude, où le jeu des dames devient métaphore des relations humaines : complexes, structurées, mais souvent silencieuses et figées.